Une soirée soufie inoubliable : La Nuit des Noces
« Cette soirée, m’a tellement touchée, elle fut sous mes yeux comme une grande autorisation à Être.
Être en tournoiement au dehors, pour que le corps sans aucun doute sache et imprime l’insondable.
Être en tournoiement au dedans et rejoindre l’immobile silence. … » Mayah Baty
Cette année une quarantaine de personnes se sont réunies pour célébrer la Nuit de Noces à Manteyer! Et ce 17 décembre, au coeur des montagnes des hautes alpes, nous fêtons Shab I aruç avec un groupe de plus en plus nombreux de danseurs. L’impression de se retrouver en famille, oui la famille est vraiment là, pas une fausse note, une douce harmonie. Nous sommes tous réunis pour célébrer dans un même élan ces retrouvailles avec notre Bien-Aimé, cette part subtile et secrète enfouie dans nos profondeurs. Vous l’appellerez bien comme vous le désirez cette part invisible qui nous habite à laquelle cette danse nous connecte par vagues de plus en plus intenses. Et célébrer la nuit des noces, c’est vraiment un anniversaire avec soi-même et fêter nos retrouvailles, se souvenir notre appartenance divine et de l’honorer avec une infinie tendresse et humilité. Ce sont des noces mystiques, et le vivre dans un groupe en se reliant au monde, cela prend une dimension très puissante. Chaque participant se rencontre dans une palette colorée d’émotions! Alors imaginez-vous tous les feux clignotants allumés au coeur de la nuit, à tourner de cesse en se reliant les uns aux autres!
Un peu d’histoire sur la nuit des noces
Chaque année le 17 décembre est célébrée « la Nuit des Noces » chez les soufis mevlevis de la lignée de Djalâl ad-Dîn Rûmî, qui ont la particularité de pratiquer la célèbre danse des derviches tourneurs. C’est une immense fête que la commémoration de cette date anniversaire du décès de l’un des plus grands poète et philosophe mystique de l’orient, reparti vers son ciel voici maintenant 850 ans. En Turquie cette fête se nomme : « Shab I aruç »! Dans cette cérémonie, chaque soufi se rappelle son origine céleste à travers sa danse.
« Le roi de la pensée sans troubles, en dansant s’en est allé vers d’autres pays, le pays de la lumière. » Mevlana
Et à Konya comme à Istambul et dans de très nombreuses villes, ont lieu de nombreuses cérémonies nocturnes, certaines dans des cercles plus restreints, d’autres beaucoup plus touristiques à mon goût. C’est à cette occasion que j’ai pu admirer plusieurs danses du sâmâ ou oratorio liturgique et me joindre à ces festivités.
Rûmî parle de la mort comme d’une nouvelle naissance
Et si vous visitez les cimetières soufi, vous serez surpris des inscriptions sur les tombes. En voici quelques explications : « …Un homme, arrivant près du couvent de la confrérie, remarque des tombes sur lesquelles figurent des dates de mort telles que : « 3 ans », « 7 ans », « douze ans »…Intrigué, il demande aux membres de la confrérie pourquoi leur cimetière renferme tant de tombes d’enfants. Y-a-t-il eu une catastrophe ? Une épidémie ?-Non, répond un derviche. C’est que la date réelle de la naissance d’une personne ne signifie rien pour nous. Pour nous, la vraie date de naissance, c’est celle où la personne a « rencontré » Mevlânâ. C’est pour cela que nous indiquons la durée de vie en nombre d’années passées à pratiquer le « sama »…
Des musiciens talentueux
Stéphane Thomas à la flûte et bien d’autres instruments encore, Sergam au Oud et Bayram au Daf, trois musiciens de talent nous ont régalé de leur musique ennivrante jusque tard dans la nuit. C’est une véritable communion réciproque entre danseurs et musiciens. Nos pas s’envolent et nos corps tournent de plus en plus librement au son de ces mélodies, et notre coeur chavire. Les musiciens s’inspirent de nos danses pour puiser l’inspiration car ce sont toutes des musiques improvisées. Et combien je suis reconnaissante à ces musiciens de nous honorer de leur présence dans une prestation sans relâche puisque nous dansons sans interruption durant plusieurs heures.
Ils vous racontent leur nuit des noces….
« Cette soirée, m’a tellement touchée, elle fut sous mes yeux comme une grande autorisation à Être.
Être en tournoiement au dehors, pour que le corps sans aucun doute sache et imprime l’insondable.
Être en tournoiement au dedans et rejoindre l’immobile silence.
Être supra-débutante, comme cette toute petite qui les bras croisés, a commencé à tourner avec toi Claire, la grande, qui initiait et ouvrait cette célébration des 750 ans du retour de Rumi à son Bien-Aimé comme tu l’as si bien dit. La musique des contrées lointaines (daf, oud, flûte) vous ont embarqué au centre. Je faisais partie de ces personnes silencieuses et goûteuses de ce qui nous était offert avec tant de générosité. Non seulement j’ai été touchée par ce trio musical envoûtant, mais je l’ai été, ô combien, par la façon dont chacun.e tournait, avec son style, sa présence, et j’ose dire sa personnalité, transmuée en abandon et en liberté.
J’y ai vu de la joie, de l’amour, de la créativité, de la sensibilité, de la technique, j’y ai vu des rendez-vous avec l’infini. Dans cette magnifique Ouverture que vous avez permise, François et toi, j’y ai vu la Vie à l’Oeuvre, et c’était si bon à vivre. » Mayah Baty à Sisteron
» Première danse pour ouvrir nos danses que nous dédions inlassablement à la Paix dans le monde. Tant de joie m’habite à offrir nos spirales à tous ceux qui sont dans le conflits incessants de ce monde, mais aussi tant de tristesse aussi. Oui je me sens toute petite devant l’immensité de la tâche, et c’est le coeur lourd que j’élance mes bras vers le ciel.«
« Je ressens cette danse comme une prière, et je deviens l’autre part de moi qui tourne petit à petit avec l’insouciance de l’enfant confiant et abandonné. Je sens la présence et la force de tous les danseurs de notre cercle. La musique nous déploie et nous élance vers l’indicible, où plus rien n’existe que l’instant et le calme au coeur de la tempête. Je laisse mon coeur s’enrouler et accomplir son oeuvre au delà du conceptuel. Je sais que nos danses conjuguées deviennent des vibrations propulsées à tout l’univers au delà de nos attentes. » Claire Giraud
Danser jusqu’au bout de la nuit, prochaine nuit des noces le 22 juin 2024
Ca y est c’est décidé, pour notre prochaine soirée soufie! L’intention est lancée à l’univers et j’ai la certitude d’être entendue! Alors rendez-vous le samedi 22 juin pour un évènement qui se prolongera tard dans la nuit offrant ainsi encore plus de temps pour déployer nos danses. Il faut dire que le nombre de danseurs ne fait que croitre et que notre famille s’agrandit. Et quand nous tournons le temps n’existe plus et cela passe trop vite une soirée. J’ai eu déjà de nombreux appels de phares dans ce sens là…J’en appelle donc à des musiciens supplémentaires, bénévoles, professionnels, pour soutenir nos danses, et si des mécènes veulent nous aider, alors bienvenus car j’aimerais tant rémunérer plus hautement nos musiciens ! Cela va chauffer à Manteyer!