Retour de Turquie avec le groupe Tümata

Depuis mon retour de Turquie, j’éprouve ce matin le besoin impérieux d’écrire « la révolution tournante » qui se passe dans mon coeur. Depuis mon retour de Turquie où j’ai partagé 3 jours et 3 nuits de tournoiement avec « Tmata » près d’Istambul, j’écoute et danse sans relâche ces musiques soufi rapportées comme de véritables trésors.

musique et danse soufi en Turquie
Le groupe Tümata à Safran en Turquie du 29 juillet au 1 er août 2022

Evolution de ma pratique de cette danse soufi

Cette année passée je me situais plus dans la transmission et la  pratique en groupe de cette danse. Et puis il y a eu le stage de 5 jours cet été, réalisé avec mon mari François qui m’aide dans l’accompagnement. J’ai constaté encore une fois la transformation et la force de guérison de cette pratique. J’ai vu les corps se redresser et s’ouvrir, les visages s’illuminer et les regards pétiller de joie. Je les contemplais émerveillée de lire l’éclosion délicate de toutes les couleurs subtiles qui les habitaient.  La plupart m’ont témoignés qu’ils continuaient à tourner et pratiquer après la fin de la session. 

Et il y a eut ce grand voyage en Turquie avec ce rassemblement du groupe Tümata autour de la mémoire du maître soufi Rahmi Oruç Gûvenç. Il disait : « Why are you here? To transform what is not yet loving in us, into loving! » Et oui c’est cela qui se passe en moi, je me sens pousser à tourner comme une nécessité toute naturelle, et cela pétrit chaque aléa de ma vie, devenu infime et sans plus aucune raison de persister.  Et je ressors du tournoiement comblée et pleine. Je peux retourner dans mon quotidien avec mes proches, calme, alignée et surtout avec un coeur «loving ». 

En tournant, je me sens descendre sur la terre

Une part de mon coeur est restée là-bas, comme un « chez moi », baignée par toutes ces sonorités et ces voix sorties des profondeurs. Et je les retrouve en tournant, tout comme Rumi lorsqu’après la mort de son bien-aimé Sham’s de Tabritz, il s’est mis à tournoyer des jours et des nuits sans s’arrêter, en quête de de l’être disparu trop rapidement. Et à toute heure je saute dans mes chaussons derviches, et hop me voilà de nouveau embarquée dans cet enroulement de mon coeur. Oui je vis ma danse dans un endroit plus vivant, comme si mon coeur s’imprimait sur la terre à chaque tour. Voilà je me sens descendre sur la terre et faire corps avec elle, depuis si longtemps qu’on me demandait de m’incarner… Je trouve que cela ne serre à rien de dire aux gens de s’ancrer…. C’est une expérience unique pour chacun qui prend son temps en son temps ! Et même si c’est délicat de transcrire en mots ce que je vis, j’irais plus loin en décrivant cette expérience.

Là-bas à Tümata, Azize, la femme d’Oruç, nous a vraiment demandé de danser sur le rythme donné par les musiciens et donc de rester dans l’écoute de la musique et de rester uni et en conscience avec ces sonorités, de ne pas partir dans notre « trip ».

J’ai donc compris ce que voulait dire danser avec la musique.

J’ai senti mon coeur qui s’enroulait sur la terre

Alors sur les passages plus lents, j’ai ralenti, ralenti et mes pieds ont senti le besoin de tourner en utilisant le pas derviche, qui consiste à tourner autour du pied gauche pivot. 

Ce pas est utilisé par les derviches tourneurs dans le Sâmâ. Il nécessite de la lenteur et de la régularité. Techniquement, il demande un long apprentissage. D’ailleurs mon maître soufi de coeur, Yacup Baba m’a dit de ce pas qu’il est comme de faire du vélo, cela demande de pratiquer et de pratiquer. Je laisse les débutants commencer par un autre pas plus facile, voire même expérimenter le placement libre des  pieds….

Alors voilà, j’ai senti le pied de mon coeur s’étirer vers la pointe de mon pied gauche, s’enfoncer et s’enrouler dans le sol. Cette stabilité et cet ancrage dans mon pied gauche me faisait du bien. Mon pied droit tournait autour du gauche en dessinant une petite roue. Impression à chaque tour de m’élancer vers le ciel et ensuite de descendre plus profondément dans la terre. J’ ai senti mon coeur qui s’enroulait dans la terre en me donnant à goûter l’indicible,…plénitude, clarté, joie. ET VOIR LA BEAUTE DU MONDE ! Feu d’artifice !

Alors vous qui me lisez, quand Rumi disait que « dans les cadences de la musique et de la danse est caché un secret, et si je le révélais il  bouleverserait le monde ». Je suis certaine que OUI LA DANSE DERVICHE EST UN VERITABLE TRESOR et que je suis en train d’en savourer un tout petit bout… très humblement je suis au début du chemin.

Et tous les jours, je peux vous dire que mes chaussons s’échauffent sur le sol, en savourant ce cadeau d’avoir une si belle salle de danse où je peux tourner et retourner mon coeur avec délectation. Et combien j’ai hâte de vous retrouver, amis si chers à mon coeur et de partager avec vous ce trésor.

Dans un prochain article je vous expliquerai plus en quoi consiste le groupe Tümata, créé par Rahmi Oruç Gûvenç.

15 réflexions sur “3 jours de danse et musique soufi”

  1. Ce que tu évoques, Claire, et dont tu es si imprégnée, me fait déjà tourner le coeur. Je te rejoins dans cette aspiration à la beauté…qui est si difficile à définir, tant elle dépasse tout le créé pour se fondre dans l’insondable, mais en absorbant totalement le créé. Merci infiniment ! Je viens danser c’est sûr, en novembre ! JOIE ! Shantal

  2. Goldschmid Brice

    Bonjour Claire, merci pour ces témoignages de bonheur. Tu as sûrement lu Soufi mon amour d Elif Shafak, que sinon je te recommande. J’ai adoré ce livre, comme j’adore lire Rumi. J étais venu une fois tourné avec vous à Ceillac. Depuis, je ne trouve plus la disponibilité de venir, jeune papa que je suis devenu. Je suis très heureux que ton chemin s éclaire dans la pratique de tourner et me réjouis de l occasion d y regouter avec vous. Je t embrasse et au plaisir. Brice.

    1. Merci Brice de ton message oui je me souviens bien de toi Brice
      heureuse que tu sois devenu jeune papa est fort occupé.
      Alors tu es bienvenu pour venir quand tu en auras la disponibilité et j’en serais très heureuse. Comme tu l’as perçu cette danse est fort inspirante et porteuse de tellement de nectar. Je découvre seulement qu’une partie infime pour l’instant.
      Avec toute ma fraternelle amitié.

  3. Merci Claire pour ce très beau témoignage plein d’intériorité et de félicité
    Merci pour la beauté de ton art
    que tes danses à venir te procurent encore plus de profondeur et de joie
    tu flirteras avec le vent, les étoiles et les astres

  4. Valérie HERRMANN

    Bonjour Claire,

    Quelle joie de lire la Lumière dans ton article. Ouahhh!! Et tu le transmet bien.
    Avec Stéphane, nous sommes revenus sur Embrun. Et j’espère bien pouvoir venir quelques fois danser.
    Je cherche aussi du travail et un logement sur l’Embrunais. Si des fois tu entends parler de quelque chose.

    Que la vie vous porte sur ses ailes.

    Je vous embrasse bien fort toi et François. Bon retour d’Assises.

    Valérie

    1. Merci Valérie de ton message.
      Bienvenue sur l’Embrunais et si j’entends quelque chose je te le fais savoir bien-sur. Je rentre de notre marche sur Assise. Comme je t’embrasse. Ah si tu désires venir tourner au prochain we du 1er octobre, j’ai une personne qui vient de Chambéry…Je t’embrasse.

  5. Charlier Annick

    Magnifique ton témoignage ma soeur et si vivant de sincérité !
    je te souhaite ainsi qu’à François et Marie un beau périple jusqu’à Assise c’est merveilleux tout votre parcours et que Marie soit avec vous,
    je vous embrasse tous très fort avec mon coeur et toute ma tendresse, il est vrai que je ne tourne plus bcp car c’est plus difficile sans le groupe mais c’est toujours très fort et présent en moi.

    Tendresse
    Annick

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