Equilibre... un chemin spiralé ?

Le sens de l’équilibre (équilibrioception) repose sur trois systèmes : vestibulaire dans l’oreille interne, visuel, et proprioceptif distribué dans tous les muscles, tendons, articulations. En actionnant ces trois systèmes, la danse tournante permet de renforcer son équilibre, et de retrouver la joie du coeur.

TROUVER SON EQUILIBRE DANS LA DANSE TOURNANTE

Le système vestibulaire

Il est situé dans l’oreille interne juste à côté de la cochlée (l’organe de l’audition) et renseigne le cerveau sur la position de la tête dans l’espace tri-dimensionnel et sur ses accélérations. Ce système est fortement sollicité dans la danse tournante, surtout si on bouge la tête dans différentes positions (pas conseillé aux débutants !), mais même en gardant la tête droite !

Le système visuel 

Il est aussi essentiel au maintien de l’équilibre – surtout par sa vision périphérique – , tout le monde s’est rendu compte qu’une posture d’équilibre est plus difficile à tenir les yeux fermés. La vision est fortement stimulée également dans la danse tournante car il y a un mouvement apparent du monde qui semble tourner comme dans un manège

Le système proprioceptif 

Il est constitué de capteurs spécifiques distribués dans tout le corps et il renseigne le cerveau en permanence – de façon inconsciente ou consciente – sur la position des différentes parties du corps dans l’espace. Comme dans toute danse, il est aussi sollicité par la danse tournante ; avec en plus un travail très spécifique et particulier du bassin, comme une marche, non pas linéaire, mais en rotation autour d’un point fixe au sol, mettant à contribution de façon inaccoutumée les articulation sacro-iliaqes et les hanches.

Ces trois systèmes sont sollicités d’une façon qui ne leur est absolument pas habituelles dans notre vie quotidienne, globalement très sédentaire. L’enfant a encore ces sens en éveil et en bonne activité car il bouge beaucoup et dans toutes les directions (manège, roulades, culbutes, jeux physiques, tournoiements spontanés etc…). Puis une certaine rigidité s’installe, et nous bougeons de moins en moins.

Il n’est donc pas étonnant que la danse tournante soit souvent perçue comme une activité a priori difficile, déstabilisante, qui donne le tournis, des nausées, voire des vertiges et qui expose aux pertes d’équilibre et aux chutes.

Sans préparation c’est effectivement ce qui se passe le plus souvent.

La danse tournante s’apprend…

Et avec un apprentissage progressif, adapté aux limites de chacun(e), non seulement on peut arriver à tourner sans inconfort, mais la pratique même de la danse tournante va améliorer le sens de l’équilibre en général. La diminution de l’équilibre est extrêmement fréquente avec l’âge, le plus souvent de façon mineure et donc plus ou moins compensée, mais parfois amenant à une perte d’autonomie. Il est excellent pour la santé en général d’améliorer son équilibre, car nous avons vu qu’il intéresse plusieurs systèmes essentiels… et n’oublions que la plus ancienne médecine connue, la médecine traditionnelle chinoise fonde toute ses théories sur la notion d’équilibre ! (du yin et du yang). Dans la danse tournante on peut parler d’une façon plus générale – holistique – d’équilibre entre le cerveau et le cœur : le cerveau est donc fortement mis à contribution par l’excitation du sens de l’équilibre, et c’est en le familiarisant petit à petit avec cette sollicitation, qu’il va pouvoir dépasser ses peurs de perte d’équilibre, se détendre, et permettre au cœur (l’âme) de se retrouver vraiment au centre de la danse.

La danse tournante médicale…

Il est intéressant de voir que tous les médecins qui s’intéressent au problème de l’équilibre utilisent des moyens de rééducation qui se rapprochent plus ou moins de ce qui est mis en jeu dans la danse tournante : ainsi, en médecine classique, les O.R.L. et les kinés spécialisés dans ce type de troubles (maladie de Meynière, vertiges paroxystiques bénins) proposent entre autres : faire tourner le sujet sur une chaise pivotante, faire tourner la tête rapidement dans diverses directions, mobiliser la tête et le regard avec en plus des mouvements du corps (marcher, s’asseoir et se relever etc…), mettre la personne dans une pièce noire et faire défiler des points lumineux, utiliser pour les pieds différents supports du plus stable au moins stable etc …

Dans les méthodes plus holistiques, on trouve aussi le « grand balancement », une des pratiques fondamentales de la méthode Bates de rééducation visuelle naturelle, qui consiste en un tournoiement de droite et de gauche sur 360°… Et dans plusieurs pratiques de santé ancestrale – à faire quotidiennement pour se maintenir en bonne santé – on retrouve, entre autres mouvements, le tournoiement («  les cinq tibétains » « les 7 arkanas majeurs du yoga derviche »…), comme si le tournoiement – ou la spirale – était réellement un mouvement fondamental du corps humain !

Une véritable pratique de santé

Ainsi, la danse tournante appelée danse du Sama chez les Soufis, qui est avant tout une danse du cœur, une danse mystique, une danse de l’amour et de la joie profonde, peut aussi être appréhendée comme une véritable pratique de santé, ce qui devrait rassurer les débutants hésitants et les convaincre de commencer lentement et progressivement, comme il est proposé dans les stages et ateliers de Claire. Mais il y a plus : précisément parce que la danse du Sama est une danse sacrée, dansée par la lignée des Mevlevi depuis sa création par Jalal al-Din Rumi au XIIIème siècle, chaque groupe qui danse encore en son nom, vibre de cette énergie extraordinaire (que l’on peut, si l’on veut, appeler égrégore ou encore plus simplement énergie de groupe) et facilite grandement l’aisance du tournoiement ! Les témoignages sont nombreux de personnes ayant parfois quelques difficultés à tourner seules chez elles, mais tournant avec beaucoup plus d’aisance dès qu’elles sont immergées dans un groupe pratiquant la même danse.

François Giraud, médecin.

Extrait du livre Ma vie d’autiste de Temple Grandin éd. Odile Jacob

« Enfant j’adorais tournoyer. Le manège de la fête foraine, le Rotor, était devenue une obsession ; j’y restais pendant des heures. Selon certaines études, en l’absence de crises d’épilepsie, tourner peut être un moyen d’aider le mécanisme de l’oreille interne (vestibulaire) à contribuer à un meilleur équilibre, à une meilleure coordination motrice et à une meilleure perception. Attention : le but n’est pas de provoquer des nausées, mais le nystagmus (le mouvement rapide de l’oeil au moment où le corps retrouve son équilibre). En savoir plus sur Temple Grandin https://fr.wikipedia.org/wiki/Temple_Grandin

2 réflexions sur “Santé et Danse Tournante”

  1. C’est vrai que l’équilibre est un état dynamique et certainement pas statique. Retrouver par la pratique de la danse tournante un équilibre intérieur physique et psychique est une expérience que je confirme à chaque fois que je pratique la danse tournante au sein des stages organisés par Claire. Les trois sens évoqués par François Giraud, l’oreille, les yeux, le système proprioceptif participent en effet à notre équilibre, et ces trois sens trouvent chacun leur place dans les exercices de danse tournante : l’oreille, en lien avec le rythme de la musique et les battements de son coeur, les yeux en lien avec le monde qui tournoie autour de nous, le système proprioceptif qui demande de ressentir en soi l’alignement intérieur. L’équilibre est toujours fragile, constamment remis en question… et aussi constance fondamentale de notre évolution spiralée…

  2. Ping :  « La boîte à outils derviche » : Pépites choisies pour commencer à pratiquer – Danse Tournante

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut