Nous sommes les atomes du soleil de l'amour
… De là l’origine de la danse derviche ?
La danse que je vous enseigne puise son origine dans la danse soufi née au cœur de la Turquie, dans la ville de Konya. Là où s’était réfugié au XIIIe siècle, le célèbre poète nommé Rûmî par les occidentaux, Mevlana, notre maître par les Turcs et dont le nom complet est Mohammad Jalâl al-dîn Balkhî. Rûmî est reconnu comme un des plus grands poètes mystiques de l’Orient et l’initiateur de la danse du Sâmâ. Il se mit à tourner des jours et des jours après la disparition de Shams de Tabriz, le maître initiateur qui l’initia à la contemplation du divin dans les profondeurs du soi et de l’infini du ciel…
Ma rencontre avec la danse soufie
Touchée au cœur par le soufisme
J’ai rencontré le soufisme, voie ésotérique de l’Islam nommée souvent la religion de l’amour. Révélée avec l’avènement de l’Islam, elle est constituée d’hommes et de femmes en quête spirituelle qui suivent la voie du cœur et retrouvent la source originelle du divin.
Ce chemin du cœur m’a appelé comme une voie en correspondance avec ma démarche spirituelle. L’Orient et l’Occident se rencontrent, comme l’ont fait Saint François et Rûmî en leur temps. Par ces différences de perception, cette culture me nourrit. Le coeur est au centre, à sa juste place, silencieux, ancré en terre et en quête d’ouverture. Tout est là condensé dans la danse du Sâmâ.
A lire : “le Soufisme coeur de l’Islam” de Cheik Khaled Bentounès et Christian Delorme.
La danse soufie : une révélation
Un tournoiement cosmique…
“Lorsque je danse je ne suis pas seul, je suis relié à la vie, à la terre, aux astres, et donc à l’univers.” C’est ainsi que Rûmî décrit la danse du Sâmâ, une union avec l’univers.
Tout dans l’univers tourne, et c’est en soi un mouvement universel où se retrouver en lien avec tout ce qui nous entoure.
C’est pour cela que cette danse porte le nom de danse cosmique. Le danseur lui-même tourne à gauche comme pour épouser le mouvement du ciel, des astres, des étoiles et aller au cœur de son intériorité, vers son inconnu. Son regard est tourné vers lui et simultanément ouvert sur le monde.
… Et une constellation de groupe
Pour rencontrer en soi le Bien-Aimé
Le maître est celui qui précède et initie, il est notre propre miroir et symbolise notre maître intérieur, dit chez les soufis le Bien-Aîmé. Cette notion nourrit beaucoup mon approche dans ma transmission. Et personnellement, plus j’avance, plus je vis cette nécessité d’approfondir cette connaissance, ce mystère au travers de la danse, du soufisme…
Alors pour finir, je laisse la parole à Rûmî qui se nommait « le silencieux » :
« L’Amour est venu et il est comme le sang dans mes veines et ma peau. Il m’a anéanti et rempli du Bien-Aîmé.
Le Bien-Aîmé a pénétré dans toutes les parcelles de mon corps.
De moi ne reste plus qu’un nom, tout le reste est Lui.
Il se peut qu’un autre visage soit plus beau que celui-ci.
S’il en est de plus beau, qu’importe ! ce n’est pas mon Bien-Aimé.
Renonce à tous les visages dans ton cœur
Jusqu’à ce que vienne à toi le Visage sans visage. »
(Rubai’yat, « quatrains » trad.inédite)
Eva de Vitray-Meyerovitch/Rûmî et le Soufisme Ed. Points
La Danse Tournante, une pépite de puissance !
Le danseur tourne sur lui-même dans le sens cosmique.
C’est un mouvement centrifuge qui expanse.
Tous les soufis tournent à gauche.
Le danseur a les deux bras grands ouverts comme une croix vivante.
La main gauche tournée vers le ciel reçoit les énergies célestes qui sont transmises à l’espace du coeur, puis redistribuées à la terre par l’intermédiaire de la main droite tournée vers la terre.