5 jours de danse soufie du 10 au 15 juillet

Le séminaire de cet été s’est tenu à Manteyer du 10 au 15 juillet en résidentiel. 10 participants ont pu cheminer pas à pas dans la la pratique de la danse soufie, dans un cadre ressourçant de nature et de montagne. 5 journées, c’est vraiment pour moi prendre le temps d’accompagner progressivement chaque stagiaire et de dérouler le fil de ma transmission, co-animé avec François mon mari au sujet de la vision.

Co-animation François Giraud : la vision avec la méthode Bates® 

Chaque jour François a développé un accompagnement d’une heure environ, visant à développer la vision et le placement du regard dans cette danse avec la méthode de rééducation visuelle Bates®. Regarder tourner le monde avec un regard plus détendu, ouvert et présent donne le confort nécessaire au lâcher-prise dans cette danse confrontante pour notre sens de l’équilibre. Lire l’article sur mon blog écrit par François sur l’approche médicale des troubles de l’équilibre et le rapport avec la danse tournante.

Aussi puissant que les montagnes…

J’ai choisi délibérément ce thème afin d’orienter chacun vers la conscience de la puissance et la force de cette danse. Et François et moi avons la chance d’habiter dans un écrin de montagne qui donne une résonance toute particulière à notre lieu. Aussi cette année, j’ai décidé de  mettre ces montagnes à l’honneur, et  de fait de laisser interagir encore plus l’environnement avec l’enseignement du stage. 

La citation de Rûmî illustrant le thème

« Vous êtes né avec un potentiel

Vous êtes né pour la bonté et la confiance

Vous êtes né avec des idéaux et des rêves

Vous êtes né pour accomplir de grandes choses

Vous êtes né avec des ailes

Vous n’êtes pas fait pour ramper

Alors, ne le faites pas

Vous avez des ailes

Apprenez à les utiliser

et…envolez-vous »

Rûmî

L’interaction des éléments

Après une soirée d’ouverture du séjour avec une première immersion dans la danse, la première journée fût un temps de rencontre avec soi afin de conforter son axe et sa verticalité dans un espace de sécurité, et j’ai utilisé la rencontre avec les arbres de notre lieu. J’ai senti de mettre ainsi en avant l’importance du silence, parallèle entre le silence du coeur connecté dans cette danse et le silence majestueux des arbres. 

Le silence au coeur de la danse 

Bien des danseurs se laissent emporter par le tournoiement et l’enivrement de cette danse, et moi la première… Et pourtant plus j’avance sur ce chemin de la danse soufie, plus je ressens le besoin de descendre dans le calme et le silence du coeur, et ainsi juste de développer cette écoute subtile et de la laisser s’installer. Ce n’est pas en soi un chemin évident car cela demande de s’effacer au mouvement, à l’esthétique du geste et au besoin d’ action. C’est ainsi une étape où les maîtres soufis essayent d’emmener leurs aspirants soufis. J’appellerais cela le Renoncement . Et dans cet état l’ancrage devient encore plus puissant. Alors autant vous dire que le programme de cette première journée fût assez copieux malgré tout.

L’eau au service de la fluidité

Une journée avec une matinée construite sur un long travail sur la rondeur du bassin dans le mouvement. Dans cette pratique, tourner de manière constante dans le même sens peut révéler tensions et douleurs. Aussi le bassin a vraiment besoin d’être souple et de s’enrouler autour de son axe. Et là je suis pleine de gratitude dans ma renaissance au mouvement que je réalise maintenant depuis 4 années avec la danse de Malkowski, très proche du mouvement Isadorien. L’après-midi les bassins se sont immergés avec délectation dans l’eau de la rivière du Buëch, se délestant du trop plein et le miracle de l’eau a poursuivi le travail de nettoyage intérieur. Après quoi quelle transformation  et sensations différentes dans nos danses, je dirais profondeur, comme de « boire à la source ».

Temps très fort dans la montagne du Dévoluy au vallon d’ane.

3e jour de stage, rencontre fabuleuse avec les montagnes. Nous cheminons le matin avec nos danses, sur la puissance apportée par la rondeur, symbolisée par le cercle, dans un lien renforcé au groupe, tout un programme. Et nous voilà partis dans la montagne du Dévoluy si minérale et pittoresque.

Chemin faisant François nous propose d’exercer notre regard à la vision du relief avec le port d’un cache oeil, et là oui nous ressemblons à une bande de pirates, ce qui nous vaut un mémorable fou rire à la rencontre d’un promeneur!

Au dessus d’une bergerie, accompagnés par la douce musique des alpages, chacun offre sa danse au groupe et célèbre sa puissance, alliance de douceur et de force. Et quelle beauté de voir tourner la montagne au soleil couchant! Quelle innocence aussi et parfum d’enfance retrouvés à vaciller nos pas sur l’herbe haute couchée par les troupeaux…

Feu d’artifice soufi du 14 juillet

Journée axée sur notre foi et notre engagement dans une danse où l’on expérimente « une chute accompagnée », vaciller, rencontrer la terre, accepter de l’embrasser de tout son poids et s’y sentir accueilli, ma foi cela nous travaille bien au corps.

Temps très fort aussi le soir de ce 14 juillet avec un feu d’artifice soufi dans une longue veillée, où chaque participant a pu expérimenter la danse du sâmâ prolongée dans un espace hors du temps et rempli d’allégresse. Je me demandais si nous serions assez nombreux et aguerris pour danser la soirée durant, et surprise, l’allégresse du groupe l’a emporté sur la fatigue, et c’est avec un pincement au coeur que j’ai progressivement clos les danses des derniers danseurs bien partis pour prolonger encore et encore leurs tournoiements.

La danse cosmique

Dernier jour de stage, temps de la synthèse. Cette phrase de Rûmî illustre vraiment l’état intérieur du groupe : « J’étais mort, je devins vivant, j’étais pleurs, je devins rire. Le règne de l’amour est venu, je devins règne éternel. » Nos danses se joignent en coeur dans une dernière envolée. Chaque stagiaire peut expérimenter et développer la puissance de sa danse au centre du cercle, accompagné par tous les autres danseurs..

Louisa nous témoigne

« Je tenais à vous dire que ces 5 jours ont vraiment été décisifs pour moi, il y a comme un avant et un après. Le sentiment d’avoir ouvert une porte. Peut-être celle de mon cœur justement ? Sur la route vers Vallouise, le samedi soir après le stage, entourée par les montagnes, je me suis sentie profondément connectée à l’Âme du monde , et dans un état de grâce, c’était si bon ! Je suis pleine de gratitude pour ce moment, où j’étais portée par l’énergie du stage et du tournoiement. » 

Ecrire, la puissance du témoignage

Voilà les amis, mission accomplie, je pense important de laisser une trace vivante de ce stage d’été. N’hésitez pas aussi à partager ces lignes afin de dire au monde combien cette danse est puissante et source de guérison. 

Ce matin j’ai dansé en pensant à chacun d’entre vous qui avez nourri ce lieu de vos danses et de votre magnifique présence. J’ai tourné en contemplant la montagne du Pic de Bure et tous les sommets alentours. Et vous étiez tous avec moi dans ma danse matinale, gratitude de ces instants d’éternité ! Merci d’être venus et d’avoir parcouru tous ces kilomètres pour rejoindre nos montagnes des Hautes Alpes.